mercredi 23 mars 2016

De l’importance d’une équipe !


Il est connu que, dans la vie, au sport comme ailleurs, mieux vaut être seul que mal accompagné.
Soit.
Mais mieux vaut être bien accompagné que seul.
Il y a chez les voileux cet instinct de tribu, cette soif et ce plaisir inaltérable de se retrouver entre nous, sur un bateau, en régate au sein d’un équipage ou au bar à la remise des prix. Ce plaisir aussi, de s’engueuler pour rien, ou pour se rabibocher avec une bière.
Comme chaque tribu, il y a les codes, dictés par notre mode de vie. Les vêtements, d’abord, avec les vestes de quart colorées, les bottes de mer ou les Docksides, les lunettes de soleil aux marques spécifiques… et j’en passe.
Le langage aussi, tellement hermétique aux non-initiés. Tellement ancré en nous qu’on ne comprend pas qu’on ne puisse comprendre. Qu’on entende un Moldu parler de corde sur un bateau, et vous verrez la très longue liste de noms que l’on peut donner à nos chers bouts de ficelle.
Voilà donc, nous sommes une famille, fermée, obtuse, dans laquelle on entre comme en religion.
Et dans ce monde se créent des équipages. Ephémères ou réguliers, ces petites familles sont des microcosmes dont les amibes tendent toutes au même but : faire avancer une coque avec des voiles, si possible plus vite que le voisin, cet autre microcosme importun qui ose tenter de voler notre vent.
Cette notion d’échange, de partage, d’engueulades, d’amitiés, de but commun, de tournées de bières, de paradis sur terre qui est sur l’eau, est pour moi l’essence même de la voile. Même les marins solitaires vivent en meute. Dans leur équipe, pour préparer leur escapade, puis entre eux, par les moyens modernes lorsqu’ils sont loin de nous. Quand bien même ils ne pourraient se parler, ils savent. Ils savent qu’ils vivent leur rêve entourés d’autres rêveurs.

Et puis il y a la VRC.
Cette discipline ne nécessite pas d’amis. Pas non plus d’équipiers. Ni même de confrères.
Non, franchement, c’est probablement le support en voile le plus égoïste que je connaisse, du moins dans son accession. Vous pouvez être le pire des sociopathes, limite psychopathe, que vous pourriez avoir un IOM, et naviguer de temps à autre. Pas besoin de club, de mise à l’eau, pas de voisin de ponton, toute notion de fraternité peut être mise de coté.

Mais pourquoi donc aborder le sujet ici ?

Si naviguer seul et parfaitement possible, évoluer et grandir passe par les autres.
L’acceptation même dans la classe passe par les autres.
Evidemment, vous pourrez acheter un IOM, évidemment vous pourrez naviguer, évidemment vous pourrez être présent aux grandes régates… mais où sera le plaisir ?
La  VRC, c’est la régate, c’est les navigations entre copains. Parce que si en grandeur, vous aimez la solitude, le plaisir de naviguer et le bonheur de vous barrer loin de tout le monde, la VRC ne vous emportera pas loin.

Comment vivrez-vous toutes les heures passées côte à côte sur les podiums si personne ne vous supporte, si vous ne pouvez échanger, si votre attitude vous est reprochée à chaque mouvement ?
La VRC est un sport mental. Se poser de telles limitations dès le départ vous porte immédiatement vers la sortie.

De l’importance donc, d’avoir des copains. Parce que se faire des centaines de bornes pour aller naviguer sur des plans d’eaux paumés, seul, en hiver, en sachant que personne ne vous attend et ne vous parlera, c’est une forme de sadomasochisme qui n’apparaît même pas dans les petits manuels de Barbie, Klaus de son prénom.

Adopter la famille, et la famille vous adoptera. Soit dit en passant, elle est bien plus accueillante et facile à pénétrer que d’autres, alors avec un tant soit peu d’humanité basique, vous devriez vous en sortir, promis.

Bon, passons les bonjours, et les premières rencontres, Bravo ! Vous êtes IOMiste !

Vous achetez un bateau, vous courrez les régates, dans tous les sens du terme, et…
Et vous vous ennuyez durant les kilomètres, et vous aimeriez progresser, mais vous n’avez personne avec qui vous entrainer …

De l’importance de l’équipe (enfin)

J’ai eu la chance, il y a quelques années maintenant, de rencontrer mon mentor, mon coach, mon gourou, mon moteur, ma joie de vivre et mon modèle de vie (j’ai cependant l’obligation de placer cette tirade à chaque mention de Sa Personne).

Il était seul depuis un moment à faire briller les couleurs de notre Club.
Durant notre première année, nous nous sommes apprivoisés, j’ai énormément appris grâce à lui, et j’ai vite progressé. Motivé, j’ai calqué mon rythme de régates sur le sien. Nous avons donc pu établir des calendriers, placer des entraînements, prévoir des déplacements.
Nous avons aussi pu débriefer les régates, apporter l’un à l’autre un regard extérieur sur nos navigations.
Finalement, et selon les dires de mon mentor, mon coach, mon gourou, mon moteur, ma joie de vivre et mon modèle de vie, nous nous sommes appuyés l’un sur l’autre pour progresser. Ce petit noyau a donc germé correctement, et le tronc commençant à être solide, ont poussé des ramifications.
Plusieurs membres nous ont rejoint, puis un club voisin est né. Nous avons même recruté lors du dernier Mercato.
Depuis, nous avons standardisé notre matériel, mêmes batteries, mêmes prises, mêmes servos, mêmes radios… le tout dans une optique d’interchangeabilité parfaite.


Voici en Bullet-point rapide, ce à quoi sert une équipe soudée :

-        Anticiper les grands événements et mutualiser les déplacements et logements.
-        Ne pas s’entrainer seul. Progresser sur l’eau comme sur les réglages
-        Apporter une aide technique et/ou logistique (commande de matériel)
-        Apporter un œil (ou plus) extérieur durant les manches, et lors des débriefings
-        Permettre la création d’une « bulle » lors de gros championnats (j’y reviendrai)
-        Échanger, échanger, échanger
-        Échanger, échanger, et échanger


Alors… cette fameuse « bulle ».

C’est le Nectar d’une équipe.
C’est, techniquement, avoir une zone de confort, matérialisée le plus souvent par la zone où sont posés nos bateaux. Cette zone est aussi psychologique. On y retourne entre chaque manche, on y retrouve son équipe, on peut y trouver réconfort ou remontrances, et recentrer ses idées. C’est comme un café chaud à l’abri du vent pendant une tempête de neige.
Si vous êtes observateurs (mais pas trop) vous remarquerez ces « bulles » lors des championnats. Celle des Toulonnais, celle des Ligériens (attention c’est une secte), celle des Bordelais, celle des Qnus (la nôtre, la plus belle et la plus sympa, évidemment) et d’autres.
Ces bulles et leurs occupants sont souvent en dialogues inter-bulles, certaines même ont tendance à fusionner, portées par un même état d’esprit, ou une même appétence pour les grands crus. Mais dès lors que l’un des membres en éprouve le besoin, la bulle se resserre. Une casse matérielle, un coup de mou, une explication de règle, ou souvent chez nous un plomb qui pète, l’équipe est là pour gérer la situation.
Voilà, une équipe, pour nous, c’est ça. C’est une Bulle de confort, c’est un phare dans la tempête. Et tout cela chez nous ne serait pas né sans mon mentor, mon coach, mon gourou, mon moteur, ma joie de vivre et mon modèle de vie.

Sa bulle à lui...


Voilà, vous savez tout. Vous savez surtout ce que je peux vous dire. Les rites et pratiques de notre secte équipe ne vous sont malheureusement pas accessibles.
Certaines équipes ne sont que peu organisées, laissant trop de libertés à leurs ouailles. Nous avons, chez les Qnus, développé un système de grades assez complexe, mais qui permet au moins de savoir où vous en êtes. Actuellement, voici les titres obtenus de chaque membre et leurs prérogatives (dans la limite du secret de notre secte équipe) :

-        Laurent : Notre mentor, notre coach, notre gourou, notre moteur, notre joie de vivre et notre modèle de vie :
o   Conduit la Qnu-Mobile, sauf au retour
o   Gère le calendrier, et l’impose à ses ouailles
o   Maitre es commandes groupées
o   Répare l’irréparable par imposition des mains
o   Possède ce que vous avez oublié.

-        Thomas : Grand chambellan Qnu:
o   Conduit la Qnu-mobile, sauf à l’aller.
o   Assistant GPS lors des trajets
o   Commet les compte-rendus des régates
o   Secrétaire d’Etat à la dénonciation Ligérienne


-        Julian : Princesse Qnu :
o   Gère les mystères informatiques
o   Adaptateur d’idées
o   Ministre des relations extra-Qnu
o   Opérations caritatives à des fins financières au profit des Qnus

-        Jacques : Grand Cassoulet Renégat (en passe de changer de grade)
o   Amuseur public
o   Amuseur privé
o   Grand maître du hors temps

-        Didier : Grade Secret
o   Spécialiste du départ remis (technique dite du « hémonchrono »)
o   Grand Dahu de l’arrivée tardive sur la zone de départ
o   Champion de l’autogestion en hébergement (grade Escargot)


Voilà, j’espère que vous avez apprécié la visite.
A bientôt pour aborder un autre sujet, peut être ;)

Thomas, Chambellan Qnu







dimanche 20 mars 2016

Le drapeau noir aura encore fait une victime !

C’est toujours un moment important dans la saison, ces grades 4…
D’abord parce qu’elles sont sur deux jours, et que cela induit une petite virée entre amis.
Et puis parce que deux jours, c’est une toute autre gestion de la régate. C’est souvent plusieurs flottes, donc il y a de l’attente, avec tout ce que cela implique en terme de concentration et de gestion de soi. C’est aussi moins de manches courues, et donc une obligation de performance à chaque manche, parce que rares seront les discard. On entre dans une autre manière d’appréhender la course. Et c’est ces Grade 4 qui préparent les grands championnats, les nationaux, et les internationaux. 
En terme de régate, avant de vous proposer une réflexion sur ces G4 et autres longs championnats, les Qnus se déplaçaient donc ce week end à Vitrolles.
Comme à son habitude, Laurent a fait le job. Régulier et performant, il a su profiter de la puissance du V9 et son toucher de barre dans les vagues le premier jour, et de son sens tactique et ses réglages « hyper light » dans la pétole du lendemain.




 Gérard, pour sa dernière régate avec son MMX, nous a régalé, en appliquant des principes simples, comme : se concentre sur la vitesse de son bateau, éviter les contacts, ne pas tricoter inutilement. Il prend une très belle 10ème place grâce à une première journée à squatter la flotte A. Didier aussi a bien tourné, et commence à exploiter son BP de mieux en mieux, encore quelques points de tactiques à perfectionner et il sera au top. Quand à moi … 
Pas fameux sur le papier, je prend une pauvre 8 ème place. Mais pourtant je suis assez content de mon Week end. En effet, je suis souvent d’humeur à ne comptabiliser que le résultat. Mais il y avait cette fois ci la manière. Il serait trop long de détailler toutes les histoires de chaque manche, mais je vais tenter de vous la faire courte : tout commence bien, une place de 3 sur la répartition, après avoir pris un départ moyen, cela était engageant et promettait un week end de plaisir. Puis dès la deuxième, Pierrot, le Comité du jour, doit calmer tout le monde avec un départ sous Pavillon Noir. Sujet aux mauvais départs sous cette règle, je décide de faire « comme si » elle n’était pas là . Vous aurez compris qu’à force d’occulter ce point de règlement, je suis retourné dans le triangle interdit. 107 Hors de l’eau !! 
La manche d’après, le vent monte et je décide de rester avec mon jeu 1, qui fonctionnait très bien lors de la flotte B courue juste avant. Erreur grave, je manque de facilité de transition, et suite à un contact j’explose mon pivot de foc. Va pour un abandon…
La flotte d’après est un petit désastre, avec une GV trop fermée lors de la B qui ne m’empêche pas de faire 2 et de monter en A, mais qui se révèle insupportable en A, le vent ayant encore un peu forcit. Encore un plomb… 
Puis le sort me laisse un peu en paix, place de 3 à la manche d’après, j’arrive 4 sur la ligne d’arrivée à celle qui suit… sauf que le comité avait modifié le parcours, détail savamment ignoré par plusieurs coureurs, dont moi. Sentant le problème , je finis tout de même le parcours après un bel arrêt et engrange 9 points au lieu de 4… Cela commence à faire lourd. Une belle place de 4 me redonne le sourire, puis c’est le ponpon, quand à la dernière manche, la ligne ferme juste devant mon étrave… que l’on vienne encore me dire que 30cm ce n’est pas important !!




Si je peux expliquer toutes mes mésaventures, il reste un fait absolu : tout cela peut et DOIT être évité. Le Black Flag, on peut se faire avoir… mais sur la ligne, pas en allant virer comme un boulet dans le triangle 40 secondes avant le départ. Impardonnable, mais marquant !
L’abandon pour casse. Toute la flotte A était passée en jeu 2, il n’y avait donc pas de raison vraiment valable pour grader le jeu 1. Cela a aussi entrainé des dégâts sur le bateau, et en cas de besoin de repasser en jeu 1, j’aurais eu de gros problèmes… 
S’arrêter après la ligne d’arrivée alors que le parcours est « bizarre »… erreur de débutant, d’ailleurs aucun autre du groupe de tête ne l’a fait… j’invoquerais que les suivre aurait foutu un joyeux boxon dans les rattrapants qui déboulaient tribord amure au portant alors que j’allais me retrouver bâbord au près … mais cela reste une excuse …
La ligne qui ferme devant mon étrave. J’étais en tête la première moitié du parcours, et j’aurais du controler les poursuivants. Au lieu de cela j’ai choisi une option qui m’a planté au milieu d’un trou de vent, et j’ai fini la manche en courant après les autres… 





Voilà … rien de bien glorieux, mais le bateau tourne bien et vite, et j’ai été plutôt performant si l’on oublie tous les coups du sort. Reste à gommer ces défauts grossiers, et continuer à prendre plaisir à naviguer en tête de flotte.
Il me faudra aussi apprendre à naviguer en tête. Contrôler, accompagner, gérer la course, pour éviter de se faire doubler. C’est vite dit, mais cela prendra du temps.

Rendez vous pour la Tricastin, la grosse régate de folie, avec un niveau incroyable cette année. J’aurai peut être eu le temps de vous faire un topo sur l’importance d’une équipe dans les grandes compétitions comme dans les petites… qui sait …

 Tom, Chambellan Qnu